Souvenirs tunisiens Sous ce titre : « En 1881», Paul Ginisty écrit dans le Petit Marseillais : « Les fêtes qui ont eu lieu à Tunis pour l’érection de la statue da Jule Ferry marquent une date dans l’histoire du la politique coloniale française. Ou peut considérer maintenant l’œuvre accomplie en dix-neuf ans et ce que, avec un bon système administratif, a réussi à faire l’esprit d’initiative, qui réussirait aussi ailleurs, s’il n’était pas trop souvent entravé. M. Millet a pu dire justement que la transformation de la Tunisie était le plus grand succès de la France contemporaine. Je me reporte à ces dix neuf ans en arrière. J’aurais aimé pouvoir ma joindre à la caravane qui parcourt eu ça moment la Régence, pour constater ici progrès auxquels a contribué largement un homme qu’il ne faut par oublier, en ça moment, M. Roy, l’actif secrétaire général du Gouvernement tunisien. Je revois les troupes françaises, que j’avais suivies, entrant allègrement dans Tunis, venant du camp de Souk et-Aras. L’expédition avait été relativement facile, grâce à la prudence du commandement et à la conduite sûre des opérations. Mats on eût pu tout obtenir des colonnes que l’on avait formées. «Avec quel entrain elle avait été commencées, cette expédition ! Le souvenir me demeurera toujours cher des jours que j’ai passés lu parmi nos soldats partis avec un tel enthousiasme ! Il faut avoir vu le camp de Souk-Aras, où on acheva de s’organiser pour dire de quelle joie mâle les troupiers étaient possédés. C’était, depuis la terrible guerre. La première fois qu’on allait faire parler la poudre, et, parmi ceux qui se trouvaient là, il y avait des combattants de 1870 qui empiraient ardemment à faire une autre histoire que l’histoire douloureuse qu’ils avaient traversée. Et les jeunes gens, eux, rêvaient de montrer ce que valait toujours la race… Oh ! les beaux soirs passés au camp à rêver de rendre un peu de si terribles épreuves !.. Ces sentiments, cas conversations, ces « emballements », me résident inoubliables. Ou s’attendait à une autre, résistance. On ne savait pas, dans la colonne Logerot, dont je faisais, partie ce que réservait un avenir prochain, et on était prêt à tout de bon cœur, je vous en réponds ! Des officiers de 27ème bataillon de chasseurs m’avaient gracieusement admis dons leur intimité, faisant un cordial accueil au journaliste curieux de décrire le pittoresque d’une expédition et d’en écrire les pages au jour le jour. Je me rappelle, alors qu’on se retrouvait sous la tente, leurs impatiences des inévitables retards, leurs patriotiques désirs, et j’étais profondément ému de telles espérances dévouement… On peut en sourire à présent. Mais que n’avait-on pas raconté, alors, des fameux Kroumirs ! L’imagination des soldats les transformait encore, augmentait la légende, et ils avaient une furieuse envie de en mesurer avec eux. Aussi c’est avec de véritables transports qu’on reçoit le signal du départ, et on jalousait les cavaliers des goums, qui prenaient la fête de la colonne. C’était par une matinée pluvieuse, mais la journée paraissait belle tout de même. Et quelle émotion, quand on franchit la frontière tunisienne, à Sidi-Yousef, dont le bordj avait été abandonné. Il était bien évident que ce fortin délabré n’aurait pu offrir aucun appui à ses défenseurs, mais ce fut une déception quand ou s’aperçut qu’il était vide et qu’on n’avait pas à l’enlever. La première résistance sérieuse, ce pouvait être au Kef, la ville sainte. Le gouverneur Rechid passait pour un homme énergique. De fait, comptant sur la solidité des vieilles murailles dans lesquelles il était enfermé, il avait tout disposé pour la lutte. Je me souviens de cet épisode qui prouvait éloquemment l’état d’esprit des troupes : Quand on eut pria possession devant la ville, on la sommé de se rendre. Rechid ne répondant point, on se prépara à l’action. Le général demanda quatre hommes de bonne volonté pour aller faire sauter une des portes, mission qui exigeait un complot esprit de sacrifice, car, si le Kef entamait le feu, c’était la mort à peu prés certaine. Eh bien ! tous ceux qui avaient entendu cet appel se proposèrent, et il fallut, au grand chagrin des autres, prendre, au choix, des soldats du génie. La diplomatie avisée de M. Roy, alors consul de France au Kef, et qui était courageusement resté dans la vieille cité musulmane, rendit inutile ce dévouement. Grâce à lui le sang ne coula pas et Rechid fit sa soumission. Mais on n’en avait pas moins été prêt, dans la colonne, à tout tenter. Il fallut attendre Ben Béchir pour brûler des cartouches. Plus tard, les fatigues et les dangers ne manquèrent point d’ailleurs, et chacun en eut sa part dans ce que l’on peut appeler la seconde partie de l’expédition. La Tunisie est maintenant en pleine voie de prospérité. Il y a des routes et des chemins de fer là où il fallait faire sauter les rochers pour ouvrir un passage aux troupes. Il peut y avoir des critiques de détail à soulever (et ce serait trop beau s’il n’y avait point de sujet de critiques!), mais le développement pacifique du pays se poursuit d’une façon remarquable. Cu fut l’action militaire qui le permit il est bien juste, aujourd’hui, de rappeler les heures de fièvre martiale qui se vécurent là bas, dans un entrain si ardent ! Paul GINISTY
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